Déforestation : le cri des racines en 2024
En 2024, les forêts tombent encore, inexorablement, partout dans le monde. L'Amazonie, jadis considérée comme le "poumon de la Terre", est mutilée chaque jour par des incendies et des machines. En Asie du Sud-Est, les forêts tropicales disparaissent sous les monocultures de palmiers à huile. En Afrique centrale, les exploitations illégales rongent les forêts équatoriales. Partout, les forêts s'effacent pour laisser place à des champs, des mines ou des infrastructures humaines, sacrifiant des écosystèmes entiers au nom d'un progrès éphémère et d'un profit immédiat.
Je me suis retrouvé dans la forêt de Sixt-sur-Aff, en Bretagne. Ce lieu, empreint de légendes et de mystères, m'a frappé par un sentiment étrange, presque oppressant. Une déforestation massive a laissé des cicatrices visibles, et pourtant, personne ne semblait capable de dire pourquoi ces arbres avaient été abattus. Était-ce nécessaire ? Une question sans réponse. Mais en marchant dans cette forêt silencieuse, quelque chose n'allait pas. On pouvait presque sentir une forme de vide, comme si la vie elle-même s'était retirée.
C'est en ramassant cette feuille que j'ai ressenti toute la gravité de ce qui se passe, non seulement ici, mais partout ailleurs dans le monde. Cette feuille portait en elle une mémoire, une trace de l'arbre auquel elle appartenait, une écho de ce qui a été détruit. À travers elle, c'est la forêt entière qui semblait crier, un appel étouffé par l'indifférence. Les flammes visibles dans mon œuvre ne sont pas que des flammes : elles symbolisent la destruction, l'urgence, mais aussi une lueur persistante, un dernier souffle.
Derrière la déforestation, il ya plus qu'un enjeu écologique. C'est un miroir psychologique qui nous est tendu. Pourquoi détruireons-nous ce qui nous maintient en vie ? Pourquoi persistons-nous à abattre les forêts, à fragmenter des écosystèmes entiers, alors que nous savons qu'ils sont vitaux pour notre propre survie ? Peut-être parce que ces forêts, avec leur immensité et leur mystère, nous rappellent une part de nous-mêmes que nous ne voulons pas affronter. Elles retirent notre vulnérabilité, notre interdépendance avec tout ce qui nous entoure. En coupant les arbres, ce n'est pas seulement la nature que nous détruisons, mais une partie de nous-mêmes. Une part de notre humanité.
Les conséquences sont pourtant bien réelles. Chaque arbre abattu, chaque forêt rasée, amplifie la crise climatique, détruit des habitats et épuise les ressources. Nous perdons des espèces animales et végétales, des cultures indigènes, et une biodiversité irremplaçable. Et pourtant, nous continuons, comme pris dans une boucle de destruction sans fin. Peut-être parce qu'il est plus facile de couper, de brûler, d'effacer, que de faire face à la responsabilité de préserver.
Mais il y a encore de l'espoir. Chaque geste compte. Chaque choix que nous faisons, qu'il s'agisse de protéger une forêt, de consommer différemment, ou de replanter un arbre, a un impact. Ce ne sont pas de petits actes. Ce sont des réponses. Des réponses à ce cri des racines, au silence des feuilles tombées, à ce feu qui consomme non seulement la nature, mais aussi nos consciences.
Cette œuvre que j'ai réalisée dans cette forêt bretonne est bien plus qu'une image. Elle est une réflexion, un rappel de ce que nous avons déjà perdu et de ce qu'il nous reste encore à sauver. Une invitation à agir, à ne plus détourner le regard, avant qu'il ne soit trop tard.